Peuple Batanga: La Mer, socle de spiritualité et mamelle nourricière 

Peuple Batanga: La Mer, socle de spiritualité et mamelle nourricière 

La 109e édition du Mayi déjà mise sur les rails, et qui connaît son apothéose ce vendredi 9 mai, appelle à la construction de l’unité de tous les villages de l’eau et le renforcement des liens avec la mer.

<< Mayi de la mer. La Mer, notre Force. La Mer, notre Infinitude. La mer, notre Horizon. La mer, notre Mère>>. Tel s’articule la thématique choisie pour sous-tendre la célébration de la 109e édition du festival commémoratif du retour de la déportation du peuple Batanga à Kribi, dénommé Mayi. L’événement qui connaît son apothéose ce vendredi 9 mai a été mis sur les rails au mitan du mois d’avril.

Cette année, le Mayi est particulièrement axé sur une spiritualité liée essentiellement à l’eau. << Tous nos rituels se font dans l’eau. Partout quand on parle des Batanga on parle de l’eau. Le Batanga vit de l’eau et vit dans l’eau. L’eau est notre mamelle nourricière. L’eau nous apporte une importante plus-value même dans le volet économique>> a indiqué Hervé Martin Benae Bell, notable de groupement Batanga Lohove, lors de la conférence de presse ténue vendredi 02 mai dernier à la maison de la culture Ndabo Itondi à Kribi. Ce que les sages du groupement ont traduit en leur langue vernaculaire par << Mayi ma madiba. Madiba, ngudi yahu. Madiba, itinga dahu. Madiba, dibenga dahu>>. C’est dire que l’eau revêt un caractère primordial dans la vie de l’homme Batanga. D’ailleurs, ils vivent presque tous près de l’eau. Et dans la société traditionnelle aucun Batanga n’habitait à plus de 200 m à vol d’oiseau de la mer.

Peuple Batanga La Mer, socle de spiritualité et mamelle nourricière 
Chez les Batanga tous les rites traditionnels se font dans l’eau, à la mer

On comprend donc que depuis la nuit des temps, la mer est le socle de spiritualité et la mamelle nourricière de ce peuple, arraché à ses racines par des colons esclavagistes, extradé par la mer, et revenu sur la terre ancestrale par le même canal : la mer. Après 109 ans l’histoire continue d’être contée. La tradition se perpétue. En 2024, l’accent était mis sur la transmission des valeurs ancestrales à la jeunesse. Une transmission qui a commencé à la base dans les arcanes du cercle familial, allant progressivement de l’intérieur vers l’extérieur. Cette année, c’est 109 enfants de 5 à 17 ans, qui ont été désignés, pour s’incruster de l’histoire de la déportation et de la tradition. Une véritable initiation culturelle au cœur de l’héritage légué par les ancêtres. Le lieu-dit “Village du Mayi, espace sacré par excellence pour la transmission, a vu accueillir ces enfants et adolescents. Sous l’encadrement des anciens, ils ont été initiés aux valeurs et à l’histoire de leur peuple. Un moment fort qui s’inscrit dans la continuité d’une tradition vivante, entamée depuis belle lurette: contes, poésie en langue locale, chant de ralliement, lutte et danse traditionnelle, et surtout l’histoire des tout premiers rois Batanga, notamment le Roi Madola. Tout cela leur a été inculqué, de la plus belle des manières.

La 109 édition déjà mise sur les rails qui connaît son apothéose ce vendredi 9 mai
109 enfants initiés à la culture Batanga

Ce n’est pas la seule innovation. Cette année également, il y’ a une démarche de construction de l’unité qui implique tous les villages Banoho et tous les villages Bapuku, bien qu’on décèle encore des difficultés à les rallier tous, les faire asseoir autour d’une table et les faire parler d’une même voix. <<Il faut savoir que l’unité ne se construit pas en un seul jour. Elle se fait par étape. Si cette année deux ou trois villages sont ralliés, certainement les années prochaines seront meilleures>> a déclaré de manière optimiste le Pr Nkoti, notable de groupement Batanga Lohove.

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Pendant la conférence de presse à Ndabo Itondi

Le Mayi pour le peuple Batanga demeure alors l’occasion d’exprimer leur authenticité. Ce sera fait le 9 mai à travers une marche carnavalesque le long des artères principales de la ville de Kribi.

 

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Lazare Kingue

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