Port de Kribi : Les enjeux de la Phase II sur l’économie sous-régionale

Sa mise en exploitation officielle qui se déroule ce vendredi 9 mai 2025 avec l’accostage sur la place portuaire de Mboro, du plus grand navire au monde, le MSC TÜRKIYE fabriqué en 2023, permettra d’élever le niveau du Cameroun en matière de technologie moderne de la chaine d’approvisionnement maritime et portuaire et d’assurer ainsi la mise en valeur de ses ressources naturelles.
Depuis l’après-midi ce lundi 5 mai 2025 sur la côte atlantique, flotte à portée de vue et en côtoyant les quais du port de Kribi à Mboro sur les eaux territoriales camerounaises, un géant des mers : le cargo ship MSC TÜRKIYE, fabriqué en 2023. Avec une longueur totale de 399.93m, une largeur de 61.33m et ses 11.6m de tirant d’eau, ce navire de type Containeur chip, IMO/ MMSI 9931288 / 636023099 battant pavillon Libéria, parti depuis 15 jours du port de Vizhinjam en Inde et navigant à une direction et une vitesse de 332.5° / 20.8 kn, est le tout premier de cette ampleur à fouler un port camerounais. C’est en effet celui de Kribi qui a l’insigne honneur de recevoir un bâtiment aussi imposant et dont la présence marque le début d’une ère économique capitale pour le Cameroun et même pour la sous-région : la mise en exploitation officielle de sa phase II. La cérémonie solennelle s’effectue ce vendredi 9 mai sur le site de Mboro, après une brève cérémonie de réception technique déroulée le vendredi 21 février dernier.

Ce vendredi justement, tous les regards seront braqués sur un ouvrage symbole vivant de la vision des grandes réalisations du chef de l’Etat camerounais. Un ouvrage dont la construction par le géant chinois China Harbour Engineering Company (Chec) a débuté en 2022. Il nous souvient d’avoir assisté samedi 22 octobre 2022 à la mise en eau des premiers caissons de quai. Ce jour-là, devant une foule nombreuse bien tenue à distance pour des mesures de sécurité, se déplaçait lentement sur des balles ovales à pression d’air un mastodonte cubique fait de béton armé, préfabriqué en cinq couches. Il pesait plus de 2600 tonnes. L’équivalent de 2 millions 600 kilogrammes. Le bloc, ingénieusement tiré par des chaines à l’acier hyper chromé, sous l’encadrement des techniciens de surface, avait pour autres caractéristiques 17 mètres de haut, 21mètres de long et 18 mètres de large. Le caisson quittait savamment la base logistique de fabrication en destination de la zone des travaux d’extension, où il avait été immergé dans les profondeurs marines sous 17 mètres. Au total 36 caissons ont été mis à l’eau en quelques semaines pour délimiter le champ d’accostage des navires en mer, le long du port.

Plusieurs mois ont passé. 28 au total. Chec a rendu sa copie. La deuxième phase est là. Elle est opérationnelle avec 715 mètres de linéaire de quai et une digue de protection prolongée à 675 mètres. Elle est dotée de nombreux équipements de manutention, notamment une quinzaine de portiques de quai. Le choix a été porté sur des machines et appareils modernes de haute performance. D’après une source à la Direction Générale, le coût total de cet investissement s’élève à un peu plus de 400 milliards de nos francs. Avec cette extension, Kribi renforce son positionnement stratégique et devient un pôle logistique et industriel de premier plan en Afrique. Car avec la qualité du matériel acquis, le port de Kribi devient le principal hub de référence pour des échanges commerciaux. En effet, ses capacités rentrent désormais dans la constance. Le terminal à conteneur qui offrait des services de 350.000 équivalents vingt pieds (EVP) se positionne sur plus d’1.3 millions EVP. Pour le terminal polyvalent, on ne parlera plus de 1.2 millions de tonnes, plutôt de 3 millions.

La solennité de ce vendredi permettra de comprendre davantage que depuis le lancement de ses activités opérationnelles en mars 2018, le port de Kribi est devenu non seulement la plateforme qui porte des nouvelles ambitions d’industrialisation du Cameroun, mais aussi le hub historique le plus attractif pour les économies des pays de la sous-région de l’Afrique centrale, et pourrait même tutoyer toute la côte-ouest africaine. Il faut dire que c’est dans le double souci d’anticiper sur la saturation des installations portuaires dans un horizon proche, et d’accroitre sa compétitivité, que le gouvernement de la République du Cameroun, avait pris la décision de lancer les travaux de la seconde phase. L’ambition du gouvernement camerounais était clair : une fois les travaux arrivés à terme, la phase II permettrait de multiplier les capacités actuelles du port pour le rendre encore plus compétitif. Chose rêvée, chose réalisée. L’infrastructure permettra dès lors, d’élever le niveau du Cameroun en matière de technologie moderne de la chaine d’approvisionnement maritime et portuaire et d’assurer ainsi la mise en valeur de ses ressources naturelles.